QUE J'AIME T'AIMER MA GUADELOUPE !
By Amarildo Guy LABEROL
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Que j'aime t'aimer ma Guadeloupe !
J'aime être fou de toi, fou de tes joies _ même quand je suis loin de toi.
J'aime être fier de toi, de tes exploits _ quand tu tombes sept fois, encore en toi je crois.
J'aime tes révoltes et ta foi en toi _ quand tu vas au combat contre les puissants et les rois.
J'aime entendre tes chuchotements, tes cris, tes échos dans la nuit _ voir les danses aériennes de tes colibris sous ta "fifine" la pluie.
J'aime ne rien te dire _ et souvent t'écrire.
J'aime tes sourires _ et les éclats de tes rires.
J'aime quand tu me nourris des fruits de tes entrailles _ quand tu caches tes belles en bas la baille.
J'aime tes déguisements, ton carnaval _ ton noir et blanc, tes adieux à Vaval.
J'aime l'accent créolisé de tes enfants _ leurs « kaw fè » lancés chemin faisant.
J'aime quand tu résistes aux vents violents _ aux tempêtes et autres ouragans.
J'aime la vigueur et l'enthousiasme de tes enfants _ tes héros qui te font honneur au delà des mers et des océans.
J'aime tes courses de taureaux tirants _ tes us et coutumes d'en temps longtemps (dantan lontan).
J'aime tes fêtes, tes réjouissances _ tes sans complaisance et tes désobéissances.
J'aime tes courageux volontaires de la dissidence _ qui font partie de ton histoire par excellence !
J'aime quand tu honores la mémoire de tes fils morts pour La France _ qui leurs doit une éternelle reconnaissance !
J'aime tes couleurs aux mille nuances _ je te crie, tu as de la chance !
J'aime ton apparente nonchalance _ ton zouk, ton gwo ka, toutes tes danses.
J'aime tes négresses, tes nègres, tes Neg Mawons _ nos ancêtres survivants de l'esclavage sous les négriers et les colons.
J'aime le rouge écarlate de la darse de Pointe-À-Pitre quand on a lâché tes cordons _
ton sens de l'honneur, ta justice, ton pardon.
J'aime tes îlets, tes collines, tes Grands Fonds _ me réfugier près de toi quand ailleurs pâques est au tison.
J'aime tes histoires, tes actes de bravoures, tes contes _ toutes tes légendes et faits d'antan que l'on se raconte.
J'aime ton sirop de batterie, qui nous émerveille le palais et nous revivifie.
J'aime les frénésies de tes musiques _ aux sonorités électroniques ou acoustiques.
J'aime tes caresses sur ma nuque _ ton atmosphère envoûtante et magique.
J'aime aussi ta sœur la Martinique _ que vous vous ressemblez par vos mimiques !
J'aime quand tu sors pleine d'espoir de tes histoires dramatiques _ tes mélanges de logique et de mystique.
J'aime quand tu me dis et me redis _ « Banhan tan mwen san dou mé zanmi »
J'aime ton ""ptit sec", ton rhum sans citron et sans sucre _ et autant le chant du vent dans tes champs de cannes à sucre.
J'aime tes bals de quadrille au commandement _ tes trésors que tu sèment aux quatre vents.
J'aime tes sportifs, ton tour cycliste _ tes vaillants champions sur les cours et les pistes.
J'aime tes jeux de mots, tes énigmes, tes cric et crac _ tes rythmes de vies libertines ou théâtrales aux innombrables actes.
J'aime tes quenettes, tes goyaves, tes fruits rares, tes icaques _ les traces de tes anciens les Caraïbes, les Awawaks…
J'aime ton ancien et doux nom Karukéra _ tes cancans, tes commères, tes tralalas.
J'aime tes naissances, tes baptêmes, tes mariages _ le flux et le reflux des eaux venues d'ailleurs sur tes rivages.
J'aime ta diversité, ton métissage _ des tableaux magnifiés, que des belles images !
J'aime quand tu trembles pour me faire peur _ drôles de blagues, mais quelles frayeurs !
J'aime ta timidité, ta sincérité, ta candeur _ toutes tes valeurs, ta pudeur.
J'aime ta fidélité, que tu as du cœur ! _ J'aime aussi ta jalousie et tes rancœurs.
J'aime tes fous, bien sur tes fous _ car ils font rire, ils sont autrement fous.
J'aime ton roucou, tes doudous _ tes anneaux grosses créoles et tes colliers de choux.
J'aime les honneurs que tu accordes à tes morts _ tes ruses, tes subterfuges et tes sortilèges pour conjurer les mauvais sorts.
J'aime ton volcan quand il dort _ quand il s'amuse à faire le faux-mort.
J'aime ton souffle haletant et caressant comme tes flots _ comme les alizés ton vent chaud.
J'aime tes sables fins et chauds, tes noix de coco _ et aussi, si, si tes gros mots.
J'aime tes croyances venues de partout, mais vouées à un seul Dieu _ tes complaintes et tes louanges orientées vers les cieux.
J'aime voir sur toi le soleil se lever _ t'éclairer, te faire briller, te chauffer puis se coucher.
J'aime boire ton eau puisée _ que l'on boit comme un vin mêlé.
J'aime tous tes sites, ta Basse-Terre _ tes rites, tes pratiques, tes caprices, ta Grande-Terre.
J'aime ton pain de la veille _ ton regard à travers la treille.
J'aime te murmurer des mots doux à l'oreille_ l'épanouissement de tes fleurs butiner par les abeilles.
J'aime tes baisers au bon goût de miel _ tes yeux brûlants comme le soleil au milieu du ciel.
J'aime tes radios bwa patate (tes makos et makrels) _ tes eaux claires, ton archipel.
J'aime ne pas te dire au revoir, ni adieu _ avec des foulards et des madras comme jadis nos aïeux.
J'aime tes odeurs, tes fumets, tes parfums _ tes amitiés, ta fraternité, tes coups de mains noirs et bruns.
J'aime le son de tes tam-tams – les démarches cadencées de tes belles dames.
J'aime ton rhum, notre sérum _ qui nous accompagne jusqu'au tombeaurom.
J'aime croire, comprendre que tu me demandes_ dans tes silences, rien qu'une offrande.
J'aime t'entendre et encore t'entendre _ même quand il n'y a rien à comprendre.
J'aime te regarder, t'admirer de loin _ avec tes belles aux fières allures et leurs sourires en coin.
J'aime tes plages, tes cascades, tes bains _ tes arbres à pain, tes chabines, tes chabins.
J'aime tes sangs mêlés qui font tes excellents boudins _ les attaches de tes reins, le lait de tes seins.
J'aime tes jours, tes nuits, tes matins _ tes combats contre le malin.
J'aime les regards de tes anciens _ qui nous parlent d'avenir l'air serein, sans peur de rien.
J'aime rêver te prendre par la main – et aller tous les deux vers des joyeux lendemains.
J'aime t'aimer ma Guadeloupe _ que j'aime t'aimer ma Guadeloupe !!!
Amarildo Guy LABEROL